GALERIE KEVORKIAN

La Galerie Kevorkian, spécialisée dans les arts de l’Orient Antique et de la Civilisation Islamique, a été fondée à Paris dans le quartier de l’Hôtel Drouot par Carnig Kevorkian à l’aube du 20e siècle, puis établie à son adresse actuelle de la Rive Gauche depuis 1923.  Le flambeau a ensuite été repris par sa fille Annie en 1963 et par sa petite-fille Corinne à partir de 2006.  

La passion communicative, le regard hautement sélectif et l’engagement inaltérable de ces trois générations d’antiquaires et experts dans la promotion de ces arts d’Orient, souvent relativement méconnus du grand public, ont contribué à en élargir le cercle des initiés et ont participé à la naissance ou l’enrichissement de certaines des plus remarquables collections privées et institutionnelles à travers le monde dans ces domaines. La Galerie Kevorkian est membre du SNA, de la CNE et de la IADAA.

Rare support en cuivre figurant un personnage masculin à la silhouette élancée, agenouillé sur une base annulaire, jambe droite fléchie sous le corps, l’autre jambe repliée verticalement, coude gauche reposant sur son genou, mains jointes aux pouces croisés devant son visage en un geste d’offrande ou de prière. Du sommet de son crâne s’élève une courte colonne se divisant en trois montants incurvés supportant un anneau sommital.

Il est représenté torse-nu et vêtu d’un pagne échancré en V à l’avant, ouvert sur un pan d’étoffe rectangulaire. Une large ceinture, nouée devant, entoure sa taille. Sa tête est ceinte d’une épaisse coiffure ajustée, à bords légèrement évasés Son visage triangulaire aux pommette saillantes présente des yeux en amande, creusés pour recevoir des incrustations, sous des arcades sourcilières profondément incisées, des oreilles délicatement arrondies, un nez droit et une petite bouche.

Patine noire et verte.

Provenance

• Collection privée américaine, Los Angeles, années 1960
• Collection britannique, Londres, depuis 2014

Bibliographie

• The George Ortiz Collection, In pursuit of the absolute art of the Ancient World, Royal Academy of Arts, Londres, 1994 : n° 14 et n° 16
• H. Mahboubian, Art of Ancient Iran Copper and Bronze, London, 1997 : nos.5-6-8

Notes

Cette statuette fait partie d’un rare groupe d’objets, rencontrés du monde mésopotamien à celui de l’Iran Oriental et de la Bactriane, représentant des personnages ou des animaux, seuls ou en groupe, faisant œuvre de support. L’exemple le plus proche du nôtre se trouve dans la collection George Ortiz. Il représente un homme debout sur une base quadrangulaire, vêtu d’un pagne à large ceinture similaire au nôtre et portant à bout de bras un support à colonnette et quatre branches incurvées surmontées d’un anneau. Il est attribué à une production mésopotamienne du sud de l’Iran et daté de la fin du IIIe millénaire av. J.C.

La même collection Ortiz possède en outre un objet fragmentaire, probablement lui aussi utilisé comme support, représentant trois orants agenouillés sur une base annulaire devant ce qui semble être un « arbre de vie », dans une attitude semblable à celle de notre personnage, jusque dans le détail des pouces croisés des mains jointes et à la silhouette également longiligne bien que plus sommairement traitée et beaucoup moins détaillée. Ce groupe daté du début du 3e millénaire av. J.C. est quant à lui attribué à la Bactriane.

Il est probable que ce type d’objets anthropomorphes ou zoomorphes ait été d’usage cultuel ou votif. Placés dans un temple, ils servaient vraisemblablement à supporter entre leurs branches un réceptacle ou un récipient renfermant des offrandes, une lampe ou de l’encens.